Risques naturels maritimes et littoraux dans le monde

Par Dominique SELLIER et Riwan KERGUILLEC

L’Atlas Bleu / Explorer

Les risques maritimes et littoraux sont géographiquement associés aux façades maritimes, donc à des phénomènes d’interfaces. Sur le plan physique, les façades sont des espaces axés sur un littoral, à l’intérieur desquels se produisent des discontinuités et des flux. Ces flux sont animés par le déplacement des plaques, la circulation océanique, la circulation atmosphérique et les transferts par les embouchures. Ils sont soumis à des déséquilibres au-delà de certains seuils. Dans leur majorité, les façades constituent simultanément des milieux attractifs, offrant l’opportunité de profiter des ressources de plusieurs milieux juxtaposés. Les façades maritimes sont, par conséquent, des espaces à risques. Ces risques proviennent des effets directs ou combinés de facteurs tectoniques, océaniques et climatiques.

Ils dépendent aussi de l’orientation des façades et de la zonalité. Les risques d’origine tectonique dépendent des types de bordures de plaques lithosphériques. Les premiers concernent les îles océaniques, associées à des dorsales (Islande, Açores) et à des points chauds (Hawaï), où le volcanisme est de type principalement lavique. Les marges actives, soumises à des dynamiques de convergence sont exposées à des risques supérieurs. Les marges de collision sont, par nature, rarement proches des mers, sauf dans le cas du bassin méditerranéen où le volcanisme est localisé, mais actif (Etna), et où les séismes sont destructeurs. Les marges de subduction connaissent une sismicité élevée et un volcanisme principalement explosif. Elles concernent la façade est de l’océan Pacifique. Les arcs insulaires intraocéaniques échelonnés de la mer de Béring à la Nouvelle-Zélande sont d’une dangerosité encore supérieure en raison de la conjonction de risques tectoniques et océaniques (tsumanis). Les autres risques maritimes et littoraux sont associés, à divers degrés, à l’hydrologie océanique et aux climats, ainsi qu’à leurs fluctuations.

Ils appartiennent à trois catégories. Les premiers sont strictement océaniques : grandes houles, fort marnage et eustatisme, qui contrôlent l’érosion des littoraux à plusieurs pas de temps, courants, dont les tracés provoquent des cas d’aridité littorale particuliers et dont l’instabilité s’ajoute aux déséquilibres biologiques nés des mers ou des côtes. Les deuxièmes proviennent d’effets météorologiques à la surface des océans, effets permanents (engel des mers), saisonniers (passages de cyclones tropicaux) ou occasionnels (submersion des côtes). Les derniers proviennent des tempêtes responsables de destructions périodiques sur les littoraux dans les milieux tempérés. En conséquence, les façades maritimes sont diversement exposées selon leur disposition et leurs latitudes, les façades pacifique et indienne étant notoirement les plus menacées. L’évaluation des risques demeure brouillée par les écarts entre l’intensité des phénomènes physiques et l’ampleur des dégâts matériels et humains. Les aléas naturels sont hétérogènes ; ils résultent de facteurs structuraux et de facteurs zonaux. Les risques se mesurent en pertes et en coûts ; ils dépendent de la répartition des populations et de leur situation économique.

  • Dominique SELLIER, géographe, est Enseignant-Chercheur à  l’Institut de Géographie et d’Aménagment Régional de l’Université de Nantes et à LETG UMR 6554.
  • Riwan KERGUILLEC, géographe, est ingénieur de recherche OSUNA, coordinateur de l’Observatoire Régional des Risques Côtiers en Pays de la Loire.

Dominique SELLIER et Riwan KERGUILLEC, « Risques naturels maritimes et littoraux dans le monde », L’atlas Bleu, Revue cartographique des mers et des littoraux. Mis en ligne le 10 janvier 2020,

URL : https://atlas-bleu.cnrs.fr/

DOI : 10.35109/atlasbleu-fr.10020