Sécurité maritime en Manche et golfe de Gascogne et perte de navires marchands

Par Éric LE GENTIL

L’Atlas Bleu / Prévenir

Sécurité maritime en Manche et golfe de Gascogne

Vigarié (1979) qualifiait La Manche et ses approches de « plus puissant carrefour maritime du monde » et c’est en réponse aux risques d’accidents créés par cette situation que les Etats côtiers ont élaboré un dispositif de sécurité maritime pour réduire la fréquence des événements accidentels et limiter les conséquences associées (pertes de vies humaines et pollutions).

Le dispositif existant est composé d’instruments de prévention (Dispositifs de Séparation du Trafic – DST -, Services de Trafic Maritime – STM-, systèmes de compte rendu obligatoire – SCR -) et d’outils d’atténuation des dommages (hélicoptères hauturiers – HH SAR -, remorqueurs de sauvetage en mer – RSHM-, navires de lutte antipollution – NLA – et lieux de refuge [non cartographiés]), dont le fonctionnement dépend des centres de surveillance et de sauvetage en mer.

Perte de navires marchands

Les DST, majoritairement apparus au cours des années 1970-1980, organisent la circulation des navires pour réduire les risques de collisions et d’échouements. De façon complémentaire, les STM diffusent aux navires des informations d’aide à la navigation et surveillent les DST et les approches portuaires pour détecter les situations dangereuses et, si besoin, coordonner l’action des moyens de sauvetage. Enfin, les SCR, devenus obligatoires à la fin des années 1990, ont pour finalité d’améliorer la connaissance de la dangerosité du trafic. Les informations collectées sont aujourd’hui centralisées dans un système d’échange d’informations maritimes communautaire (Directive 2002/59/CE).

Le plus ancien outil de sauvetage aéroporté est le HH SAR qui va récupérer les équipages des navires en difficulté. Ce dispositif va être complété par les RSHM, affrétés en France par la Marine nationale dès 1978, qui tractent les navires en situation d’avarie (propulsion, voie d’eau, etc.) jusqu’à des lieux de refuge dont la désignation est actuellement établie par les autorités maritimes (Directive 2002/59/CE). Enfin, les NLA, de plus en plus nombreux depuis les années 1990-2000, sont principalement utilisés pour récupérer les polluants déversés en mer avant qu’ils ne s’échouent au rivage.

A la mise en œuvre progressive du dispositif de sécurité maritime correspond une diminution sensible des pertes de navires. Ce dispositif semble donc adapté même s’il est difficile d’apprécier l’efficacité relative des différents instruments mentionnés. D’après des études antérieures, l’établissement des DST et des STM s’est traduit par une réduction importante des collisions et des échouements (Cockcroft, 1983 ; Park et Redfenf, 1995), les RSHM ont probablement permis d’éviter des pollutions majeures (Quivillic, 2004) et les HH SAR, en permettant de rejoindre très rapidement les équipages des navires en difficulté, augmentent l’efficacité des missions de sauvetage (Quon et Laube, 1991). Enfin, la réduction des accidents est aussi le résultat de nombreuses évolutions technologiques (cartographie des fonds sous-marins, systèmes de positionnement des navires, etc.) et de la lutte menée contre les navires sous-normes depuis la fin des années 1970 (Boisson, 1999).

BOISSON P., 1999. Safety at sea. Policies, Regulations and International law, Ed. Bureau Veritas, Paris, 536 p.

COCKCROFT A. N., 1983. The Effectiveness of Ship Routing off North West Europe, Journal of Navigation 36(3), p. 462-467.

PARK J.-S., REDFENF A., 1995. Quantification of the VTS effectiveness, Transactions on the Built Environment 11, p. 671-678.

QUIVILLIC, C., 2004. Les Abeilles international. JST 2004, Journées scientifiques et techniques du CETMEF, 7-9 décembre 2004. p. 103-106.

QUON T. K., LAUBE J. A., 1991. Do Faster Rescues Save More Lives ?, Risk Analysis 9(2). p. 291-301.

VIGARIÉ A., 1979. La géographie du trafic maritime aux approches de la Manche, Actes de colloque international, La pollution marine par les hydrocarbures, Brest, 28-30 mars 1979. p. 12-19.

Éric LE GENTIL, géographe, est Chargé de Recherche à l’Institut Universitaire Européen de la Mer à Brest

Éric LE GENTIL, « Sécurité maritime en Manche et golfe de Gascogne et perte de navires marchands», L’atlas Bleu, Revue cartographique des mers et des littoraux. Mis en ligne le 10 janvier 2020,

(version digitale de l’article paru dans L’Atlas Permanent de la Mer et du Littoral n°7 « Risques littoraux et maritimes ». Ed. LETG-Nantes, 2015. pp.34-35)

URL : https://atlas-bleu.cnrs.fr/

DOI : 10.35109/atlasbleu-fr.10016