Un modèle de dérèglement de l’océan Global : le phénomène El Niño
Par Jean-René VANNEY
L’Atlas Bleu / Explorer
El Niño, dérèglement climatique, phénomène océanique, effet dévastateur, Amérique du Sud
A l’aide de deux cartes et d’un graphique, l’article dresse une synthèse du principe du dérèglement climatique El Niño dont l’amplitude géographique et les conséquences environnementales sont majeures à l’échelle planétaire. La séquence du phénomène (dont la fréquence reste mal connue) survenue en 1982-1983 sur les littoraux et au large de l’Amérique du Sud est cartographiée et analysée spécifiquement.
Ampleur du phénomène
Avec d’inévitables exagérations d’échelles, les deux schémas représentent le mouvement ondulatoire vertical et longitudinal provoqué par l’aller et le retour de la couche d’eau chaude (dite « suprathermoclinale ») durant le déroulement du phénomène de fréquence pluri-annuelle appelé El Niño. La carte donne l’aire moyenne de son parcours entre l’est (Pacifique Amérique du sud) et l’ouest (nord de l’Australie) du Pacifique.
Il s’agit du balancement exagéré d’une onde naturelle de chaleur et de dessalure (à cause des pluies convectives qu’elle déclenche) qui traverse régulièrement l’océan. Elle prend des proportions catastrophiques quand elle est provoquée par un forçage exceptionnel à l’est. L’onde amplifiée, déplacée par l’alizé vers l’ouest, y est stockée pendant plusieurs mois. S’y forme une onde inverse, ou de retour qui, en faisant mouvement vers l’est, repousse la couche chaude graduellement surélevée. Celle-ci finit par s’épancher contre la côte aride de l’Amérique en provoquant des pluies équatoriales généralement accompagnées de phénomènes de nature catastrophique. Un événement semblable ne s’est pas reproduit depuis 1998. On en ignore la fréquence ainsi que ses relations plausibles avec le réchauffement global.
Principe du dérèglement
L’événement El Niño en 1982-1983, au large de l’Amérique du Sud
Avant-dernière catastrophe océanique, l’événement El Niño qui sévit dans le Pacifique sud-oriental du milieu 1982 à la fin de 1983, déroulé en deux phases maximales (déc. 82-janv.83 et mars-avril 83), eut les effets dévastateurs suivants :
1) surélévation de la surface (m) : +0,50 (Pérou), +0,40 (Galapagos), +0,25 (nord du Chili)
2) élévation de la température : entre 2° et 5°C audessus des valeurs normales
3) approfondissement de la thermocline (jusqu’à 150 m aux Galapagos) et diffusion de la chaleur jusqu’à 1 000 m
4) renversement du courant sud-équatorial, puissant transfert d’eau chaude (29°-30°C) et dessalée vers les côtes sud-américaines
5) pluies anormalement élevées en mer, torrentielles sur les côtes arides jusqu’au-delà du tropique
6) destructions côtières : ravinement pluvial, sapement par les vagues, dégradations thermo-chimiques des platiers coralliens, etc.
7) désastre écologique : étouffement des résurgences, blanchissement des coraux, réduction de la production primaire et de la biomasse, hécatombe de poissons, pollution biochimique, exode de l’avifaune et des mammifères marins, crise des pêcheries d’eau froide, prospérité des pêcheries d’eau chaude.
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