Eutrophisation des eaux côtières : le cas des marées vertes en Bretagne
Par Nicolas ROLLO
L’Atlas Bleu / Protéger
Eutrophisation, algue verte, surface couverte, évolution, Bretagne
Après un cadrage sur l’eutrophisation des eaux côtières (carte mondiale), l’article examine le cas de la Bretagne, région française fortement touchée. Les documents graphiques permettent d’évaluer l’impact spatial du phénomène en 2008 et son évolution de 1997 à 2011. Plusieurs éléments de contexte sont précisés du point de vue économique sur le volet de la lutte contre les marées vertes.
L’intensification des modes de production qui s’est opérée au cours de la seconde moitié du XXe siècle a profondément modifié les apports des hydrosystèmes continentaux. La conséquence la plus marquante des perturbations associées à ces charges terrigènes est très certainement l’eutrophisation des eaux côtières, résultant de l’apport excessif de nutriments. En 2008, on estimait qu’elle touchait plus de 400 masses d’eau côtières à l’échelle mondiale. Ce phénomène peut se manifester sous deux formes majeures : les eaux colorées et les marées vertes.
A l’échelle nationale, bien que les échouages d’ulves soient loin d’être spécifiques à la Bretagne, la médiatisation dont ils font l’objet a conduit à les associer au littoral breton. Cette association est telle que suite à une campagne de France Nature Environnement de 2011, la Région a réagi pour « atteinte à son image », alors même qu’elle n’était pas explicitement citée dans les affiches incriminées. Il faut dire que depuis le début des années 1990, la Bretagne est très souvent pointée du doigt du fait de la dégradation de la qualité de ses eaux, qui a d’ailleurs donné lieu à la mise en œuvre de différents programmes d’intervention de grande envergure. La situation qui tend malgré tout à s’améliorer sous l’effet des actions engagées demeure toutefois problématique.
Affiche de la campagne du collectif d’associations France Nature Environnement, parue en 2011
Après s’être étendue au cours des années 1990 bien au-delà des sites historiques des baies de Saint-Brieuc et de Lannion, les proliférations d’ulves semblent même avoir atteint leur paroxysme en 2009. L’ampleur du phénomène avait d’ailleurs conduit le gouvernement à prendre des dispositions d’urgence intégrant la mise en place du « plan algues vertes ». Ce plan a notamment pour objectif de réduire de 40 % les flux azotés débouchant dans les huit baies les plus touchées, principalement situées sur les façades nord et ouest de la péninsule. Outre les déséquilibres causés au sein des écosystèmes, l’eutrophisation des eaux côtières peut avoir d’importantes répercussions économiques. Dans le cas breton, le coût du ramassage et de la valorisation des ulves avait été estimé à plus d’un million d’euros pour la seule année 2009. A ces dépenses, il convient également d’adjoindre les pertes induites, au niveau des activités touristiques notamment.
Les résultats mitigés des actions mises en œuvre s’expliquent pour partie par l’inertie du milieu. Ainsi, compte tenu du temps de réponse des hydrosystèmes aux changements de pratiques, les mesures entreprises devront nécessairement s’inscrire dans la durée pour aboutir à une réelle restauration des milieux aquatiques bretons.
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