Services de protection des écosystèmes dunaires face aux risques littoraux : évaluation sur le littoral noirmoutrin (Vendée)
Par Françoise DEBAINE et Marc ROBIN
L’Atlas Bleu / Protéger
Risques littoraux, écosystème dunaire, service de protection, géoindicateur, diagnostic et suivi Noirmoutier (Vendée)
En envisageant les écosystèmes dunaires comme acteurs de la protection face aux risques littoraux, l’article présente une méthode de diagnostic et de suivi de leur état à partir de l’exemple du littoral noirmoutrin. La méthode repose sur un ensemble de géoindicateurs rapportés à un système de « boites » littorales (50 x 300 m) et permet une cartographie des niveaux de service de protection offerts (d’élevé à déficient) de ces milieux.
Service global de protection
Suite à la tempête Xynthia de février 2010, une prise de conscience aiguë émerge concernant le rôle que peuvent jouer les cordons dunaires face aux aléas météo-marins dans les zones à forts enjeux humains (ou non), assimilant en quelque sorte ces dunes à des systèmes naturels de défense devant faire l’objet d’une surveillance et d’un entretien régulier. Le service (ou fonction) de protection est donc replacé au cœur de la vision sociale du rôle joué par ces milieux dunaires. Se développe ainsi un intérêt croissant pour la conservation des massifs dunaires, notamment à travers la stratégie nationale pour la gestion du trait de côte, faisant suite au Grenelle de la mer. Toutefois, malgré des recommandations d’action pertinente, il manque une dimension outil opérationnel pour un diagnostic efficace.
Service de protection par type de risque
Un programme LITEAU a permis de mettre en place une approche exploratoire et a été valorisé (Debaine et Robin, 2012). Le principe général est le suivant : une gestion efficace du trait de côte dans les secteurs dunaires peut s’envisager à 3 niveaux scalaires fonctionnellement emboîtés : le niveau du gestionnaire de terrain (intervention) qui doit traiter le problème ; le niveau intermédiaire correspondant à un diagnostic fin où le gestionnaire dispose d’une vision synoptique de l’état du massif dunaire ce qui lui permet d’envisager une stratégie d’intervention ciblée ; le niveau plus global où les massifs sont répertoriés et classés à un niveau d’agrégation permettant des statistiques spatiales sur leur état de conservation.
Pour assurer la visualisation de l’état des services rendus contre les aléas météo-marins, divers géoindicateurs de formes dunaires, de recouvrement végétal, d’anthropisation, de dynamique sont identifiés (exemples de géoindicateurs présentés dans le tableau p. 72) et spatialisés en partant de l’utilisation de données génériques (LIDAR, orthophotographies, images satellites).
Ces géoindicateurs sont ensuite insérés dans des unités spatiales (boîtes) spécialement construites à partir du zéro NGF, de 50 m de côté par 300 m de profondeur rétrolittorale. La mise en relation de ces géoindicateurs au sein des boîtes permet ensuite, par raisonnements spatialisés, de fonder l’appréciation multicritères du niveau du service rendu.
Dans cet exemple réduit au cordon dunaire de la partie sud de Noirmoutier, le service global de l’ensemble dunaire est composé de l’addition des niveaux des trois services contre la submersion, la déflation, l’érosion marine.
Du rouge au vert, on passe d’un service global déficient (attesté dans l’histoire par des ruptures de cordon et des submersions, validant ainsi la méthode) à un service global très correct.
La partie nord de la flèche est plus particulièrement vulnérable, avec des secteurs où les enjeux sociétaux sont à proximité du trait de côte dans un contexte naturel défavorable à un bon niveau de protection.
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