Evaluation de la vulnérabilité face au risque tsunamique à Wallis et Futuna et prévention des zones habitées

Par Sigrid GIFFON

L’Atlas Bleu / Protéger

Wallis et Futuna, Collectivité française d’Outre-mer située dans le Pacifique Sud, est composée de deux îles principales et compte environ 9 000 habitants à Wallis et 4 000 à Futuna (INSEE-STSEE, 2013). Wallis est une île basse au relief peu accentué de 7 x 14 km tandis que Futuna est une île haute aux pentes raides et au relief accidenté de 6 x 12 km. Wallis possède un lagon et un platier corallien continu alors que Futuna ne possède ni lagon ni platier. L’archipel est soumis au risque tsunamique. Les alertes récurrentes ont conduit les autorités locales à prendre des mesures pour déterminer les zones à risque et assurer une meilleure alerte de la population.

Des facteurs physiques et humains aggravant ou limitant le risque (voir ci-contre) ont été déterminés spécifiquement pour ces îles, dans le but d’établir une cartographie de zones à risque en cas de tsunami. Les résultats cartographiques montrent que près de 74% de la surface wallisienne se situe dans une zone à risque tsunamique contre seulement 17% de la surface de Futuna. Cependant, Futuna, moins peuplée que Wallis, semble plus vulnérable que son île-soeur de par la localisation et la configuration de son habitat : 95 % des bâtiments futuniens se situent dans une zone à risque contre 87% des bâtiments wallisiens. La répartition de la population futunienne se fait essentiellement sur la bande côtière étroite de 100 à 300 mètres (voir photo du village de Kolia, dans le Sud-Est de Futuna). De plus, Futuna ne possède pas de facteurs limitant le risque (pas de platier, d’îlot, de lagon ni de mangrove), ce qui en fait une île particulièrement vulnérable face au risque tsunamique (en plus d’un important risque sismique).

Le risque tsunamique a été pris en compte par les autorités locales (Préfecture et autorités coutumières). Elles ont décidé d’installer 16 sirènes d’alerte (d’une portée théorique de 2 km) : 9 à Futuna et 7 à Wallis. Elles ont donc bien noté que Futuna était plus vulnérable que Wallis en cas de tsunami : étant deux fois moins peuplée que Wallis, elle a pourtant été équipée de plus de sirènes.

Village de Kolia (Futuna), 2006 (Cl. S. Giffon).

Vue aérienne oblique, le village installé sur une étroite bande côtière (non protégée par le platier corallien) offre peu de zones de repli sur les hauteurs, compte tenu des pentes montagneuses fortement boisées.

Îlot Nukuatea et barrière corallienne de Wallis, 2006 (Cl. S. Giffon).

 

Vue aérienne depuis le Nord, la dizaine d’îlots inhabités et la barrière corallienne qui entourent l’île principale peuvent localement atténuer l’effet dévastateur des tsunamis.

photographie, village, Poi, Futuna

Village de Poi (Futuna), 2006 (Cl. S. Giffon).

Vue depuis le clocher du village. Bande côtière de faible altitude où se côtoient habitat traditionnel polynésien (falé avec toit en feuilles de pandanus et ossature bois) et habitat moderne (toit en tôles et murs en parpaings).

photographie, plage, Alele, Wallis

Plage d’Alele à Wallis, 2006 (Cl. S. Giffon).

À Wallis dans le nord-est de l’île, le platier corallien est parfois large de 3 à 4 km et peut contribuer à freiner une vague de tsunami.

Sigrid GIFFON, géographe, est cartographe au CNRS à LETG UMR 6554.

L’auteur tient à remercier le STSEE – Service Territorial de la Statistique et des Etudes Economiques des îles Wallis et Futuna, plus particulièrement son chef de service Jean-Paul GOEPFERT ; ainsi que Jean-Paul MAILANI. (http://www.spc.int/prism/wf/)

Sigrid GIFFON, « Evaluation de la vulnérabilité face au risque tsunamique à Wallis et Futuna et prévention des zones habitées », L’atlas Bleu, Revue cartographique des mers et des littoraux. Mis en ligne le 10 janvier 2020.

(version digitale de l’article paru dans L’Atlas Permanent de la Mer et du Littoral n°7 « Risques littoraux et maritimes ». Ed. LETG-Nantes, 2015. pp.80-81)

URL : https://atlas-bleu.cnrs.fr/

DOI : 10.35109/atlasbleu-fr.10015