Développement des aménagements portuaires et protection du patrimoine à Veracruz (Mexique)
Par Loïc MÉNANTEAU et Stephan GAILLARD
L’Atlas Bleu / Protéger
Bathymétrie, bilan sédimentaire, port, environnement, parc national, Gallega (La), Veracruz, Vergara (baie de).
Cet article présente les principales étapes du développement portuaire du site historique de Veracruz (Mexique), situé en bordure d’un système récifal protégé. Un modèle numérique de terrain (MNT) permet de suivre sa transformation (remblais sur la mer, dragages, infrastructures) à trois dates (1886, 1911, 2010), notamment depuis les grands travaux menés de 1887 à 1902. Enfin est posé le problème des impacts environnementaux sur le système récifal dus à l’extension portuaire dans la baie de Vergara.
Le site portuaire de Veracruz : contexte et évolution depuis le XVIIIe siècle
Premier port du Mexique, Veracruz a joué un rôle majeur en assurant, de 1564 à 1776, le monopole du commerce entre l’Espagne et la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne.
Après les grands travaux d’aménagement portuaire menés de 1887 à 1902, la configuration du site historique a été bouleversée (survolez l’image de 2011 pour visualiser la situation de 1886 en comparaison) : l’ancien chenal naturel d’accès au port, le Canal del Norte, est barré, au nord, par une digue, les contours de la zone portuaire sont artificialisés, avec réalisation de remblais (ex. Malecón) devant l’ancien rivage (env. 220 ha) fossilisant des récifs coralliens (ex. La Caleta). En 2004, des terrepleins sont construits sur le sud du récif La Gallega et la partie externe de la digue nord pour implanter des dépôts de conteneurs et des industries.
Étude bathymétrique et sédimentaire
L’étude de l’évolution du site, de 1886 à 2010, a été faite après avoir numérisé les sondes bathymétriques (en x, y et z) et les contours de plans de 1886 et 1911 et de cartes marines de 2010 (Ménanteau et al. 2016). D’un point de vue sédimentaire, l’approfondissement (moy. 1 m) et l’égalisation des fonds effectués pendant les premiers travaux (1887-1902) ont abouti au comblement du Canal del Norte. Ils ont été suivis, en 2004-2006, par un surcreusement (moy. 2,50 m) qui a affecté des biens culturels subaquatiques (nombreuses épaves recensées), notamment dans l’ancien chenal.
MNT du port de Veracruz à trois dates.
1886 : deux éléments morphologiques majeurs :
(1) Canal del Norte (NO- SE), P moy. = 8-10 m, max. = 11-15 m ;
(2) Côte récifale avec, au nord, La Gallega protégeant le site des houles et des vents de Nortes.
1911 : réduction de la surface en eau ;
approfondissement et égalisation des fonds (remblaiement du Canal del Norte et surcreusement sur ses bordures, suppression de récifs).
2010 : réduction plus forte de la surface en eau ;
remblaiement du sud de La Gallega et de la partie externe de la digue nord-ouest ;
abaissement des fonds (1911-2010 : de 7,1 à 9,6 m) ; dragage du chenal d’accès (P = 13-15 m).
Évolution des fonds par moyennes lissées.
1886-1911 : approfondissement en bordure des terre-pleins et des môles, diminution des profondeurs de l’ancien Canal del Norte.
1911-2010 : chenal d’accès plus profond, création d’un bassin d’évitage (zone centrale en rouge) réduction des profondeurs au sud de l’entrée du port.
Traitements : Stéphan GAILLARD
Aménagements portuaires et mesures de protection de l’environnement
Le projet d’extension du port (surface : 910 ha ; vol. remblais : 38 Mm3 ; capacité annuelle portée de 21 Mt à 128 Mt en 2030) dans la baie de Vergara (inauguré le 24-11-2014) a suscité un conflit entre protecteurs de la nature et aménageurs.
Le site portuaire de Veracruz est bordé par un système récifal, déclaré parc national marin (1992), puis parc national (2000), site Ramsar (2004) et réserve MAB (2006), formé par 23 récifs coralliens et six îlots, divisés en deux groupes. Certes, en 2012, la superficie du Parc national a été augmentée de 132,78 km2 (de 522,38 km2 à 655,16 km2), soit 25,4 %, mais, afin de permettre l’agrandissement du port, la baie de Vergara et une partie du récif de Punta Gorda ont été exclues du nouveau périmètre. Face aux risques à venir, une gestion intégrée s’impose afin de sauvegarder le système récifal, déjà soumis à une forte dégradation.
Projet franco-mexicain CNRS / CONACYT VERAPORT (2011-2013)
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