La catastrophe du Costa Concordia et le tourisme de croisière dans le monde

Par Jacques GUILLAUME

L’Atlas Bleu / Exploiter

Les circonstances de l’accident du Costa Concordia

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Le Costa Concordia couché sur le tribord par 41°21′ Nord et 10°55′ Est (Cl. Roberto Rvongher, source : Wikipédia, janvier 2012). Vue du paquebot échoué depuis Giglio Porto.

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L’échouement du navire interpelle sur les conditions de sécurité de ces gros paquebots, dont le succès a gonflé la taille jusqu’à la démesure. Comment en effet évacuer sans panique plusieurs milliers de personnes dans des temps souvent très courts et dans des conditions de mer souvent difficiles (ce qui n’était pas le cas avec le Costa Concordia, dont les causes de l’accident sont à ranger dans un registre presque tragi-comique, puisqu’il s’agissait de « saluer » au plus près des côtes, les habitants de l’île de Giglio).

L’accident fait d’ailleurs réfléchir sur le danger des habitudes routinières, car le navire achevait une rotation que l’équipage connaissait par cœur dans le bassin occidental de la Méditerranée. Costa, compagnie italienne de vieille tradition, même si elle dépend aujourd’hui du groupe américain Carnival, est une habituée du bassin méditerranéen et le commandant du Costa Concordia, navire moderne mis en ligne en 2006, connaissait parfaitement (trop peut-être) les lieux de l’accident.

Le coût de cet accident (dont le montant, en comptant les frais de redressement, a largement dépassé la valeur initiale du navire) en fait le plus cher de l’histoire de la navigation. Fort heureusement, il n’a pas été aussi meurtrier (32 victimes) que les naufrages des grands transatlantiques du temps jadis.

Faut-il rappeler qu’avec quelques mois d’anticipation, le Costa a marqué le centenaire du naufrage du Titanic (1 500 morts environ). Qu’en serait-il si un monstre des mers du type Oasis of the Seas (220 000 UMS, contre 114 500 pour le Costa Concordia), avec 8 800 personnes à bord, équipage inclus, sombrait corps et biens ?

La catastrophe du Costa Concordia va-t-elle porter un coup fatal aux croisières maritimes ?

C’est peu probable, compte tenu de l’engouement pour ce genre de déambulation hôtelière au large des zones côtières les plus touristiques de la planète.

L’évolution du tourisme de croisière maritime dans le monde

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Si le bassin primordial demeure les Caraïbes (ce qui a facilité le développement des overpanamax, insensibles aux contraintes du canal de Panama), les bassins méditerranéen et nord-européen ont profité des croissances les plus rapides : sur 140,5 millions de nuitées (soit 18,5 millions de passagers) en 2010, près du tiers revient à l’Europe avec une croissance de 175% entre 2000 et 2010 (contre + 59% en Amérique du Nord et centrale et près de la moitié du marché).

La Méditerranée est fréquentée en toute saison et ne connaît pas de morte saison, à l’inverse de l’Europe du Nord (l’accident du Costa Concordia a d’ailleurs eu lieu en janvier). À noter que le reste du monde est encore en retrait, tant en croissance qu’en part de marché.

La croissance du marché des croisières est très spectaculaire et les ténors du secteur (quatre groupes contrôlent 84% de la capacité, Carnival en détenant déjà près de la moitié) s’emploient à y répondre avec des navires de plus en plus nombreux et surtout de plus en plus gros.

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Jacques GUILLAUME, géographe, Chercheur associé à LETG-Nantes UMR 6554.

Jacques GUILLAUME, « La catastrophe du Costa Concordia le 13 janvier 2012 et le contexte d’évolution du tourisme de croisière dans le monde», L’atlas Bleu, Revue cartographique des mers et des littoraux. Mis en ligne le 10 janvier 2020

(version digitale de l’article paru dans L’Atlas Permanent de la Mer et du Littoral n°7 « Risques littoraux et maritimes ». Ed. LETG-Nantes, 2015. pp.42-43)

URL : https://atlas-bleu.cnrs.fr/

DOI : 10.35109/atlasbleu-fr.10006